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Lettre à Madame Marie Duny

Consigne : Envoyer une lettre à une femme célèbre d’Angoulême – 2024


                                                                Lucheville, samedi 15 mai 1830

                                                                Madame Marie Duny
Rue de la Cathédrale
Angoulême, Charente

Ma chère Marie, ma chère fille,

Je viens de recevoir votre lettre que j’ai eu grand plaisir à découvrir. Vos bonnes nouvelles m’ont fait grand bien et j’ai hâte de vous recevoir bientôt dans ma demeure de Lucheville.

Votre fille Alexandrine grandit vite et je ferai bientôt sa connaissance, ce qui me comble de bonheur. J’ai informé Ludivine, ma dame de compagnie, de votre future venue et elle m’a affirmé qu’elle lui confectionnera les desserts que vous aimiez tant lorsque vous étiez vous-même une enfant.

Depuis que votre père a rejoint le Royaume des Cieux, mes journées sont longues et parfois pénibles. Son amitié à mon égard me manque. Ludivine m’aide de son mieux à vivre mon veuvage. Je sais que vous priez pour moi et je vous en suis reconnaissante. L’Abbé Pérignac m’encourage à participer aux activités de charité de sa paroisse et j’y trouve un certain réconfort.

Votre époux Philippe a obtenu la promotion qu’il méritait. Ce poste de Préfet de Charente lui était tout désigné. C’est un homme intègre et droit qui a prouvé à maintes reprises son honnêteté et sa loyauté lors des différents procès qu’il a arbitrés en sa qualité de juge au tribunal. Je suis fière et honorée que cet homme vous ait choisie comme épouse et je sais que votre ménage se place sous les meilleurs auspices. La naissance de votre enfant en est le plus beau des présages.

Vous m’informez que Philippe visitera les maires de Ruffec, Aigre et Villefagnan à la fin du mois. C’est avec un grand plaisir que je recevrai votre mari pour un souper lorsqu’il fera ce voyage protocolaire. Mon ami de Cognac, le duc de Jonzac, m’a dit le plus grand bien de votre époux. Ils se sont rencontrés dans sa mairie lors de sa venue le mois dernier et Philippe lui a certifié son soutien pour les prochaines élections. Le duc m’a confié qu’il aurait aimé vous recevoir également à cette occasion et il espère que vous l’honorerez de votre présence prochainement.

Ne soyez pas offensée par le juge Cartier qui ravale sa fierté de n’avoir pas été choisi au poste de Préfet. Bien qu’il fût un ami de mon défunt mari, il ne possède pas la moitié des qualités de votre Philippe. Laissez-le méditer son éviction. C’est un homme somme toute intelligent qui saura se faire un allié de Philippe.

Je suis heureuse d’apprendre que votre amie, la comtesse de Fouqueure, épousera le comte de Magnac au printemps prochain. Les parents de la comtesse, qui demeurent toujours au Manoir de la Talonnière, m’avaient évoqué cet événement lors de leur dernière visite. C’est avec un grand plaisir que je me rendrai au château de la Pouyade dans la jolie bourgade de Saint-Yrieix-sur-Charente où j’aurai une joie immense à participer à ces épousailles, tout autant que de passer du temps avec vous et votre famille.

Quant à vos projets de créer un orphelinat, je suis heureuse qu’ils avancent à grands pas. Je vous comprends lorsque vous dîtes ne plus supporter la misère qu’endurent les petites filles livrées à elles-mêmes que vous croisez dans les rues d’Angoulême. Elles n’ont plus de familles, pas de nourriture, pas de toit et doivent se débrouiller seules. Cela vous fend le cœur et je le comprends bien. Les Sœurs de la Sagesse vous apporteront tout le soutien dont vous avez besoin, j’en suis certaine. Votre époux quant à lui sera un solide appui pour trouver le bâtiment adéquate. Vous dégoterez bientôt la perle rare qui deviendra votre orphelinat et accueillera vos petits anges. 

Concernant votre demande de charité, j’ai informé mes amies de votre requête. Elles ont toujours eu beaucoup d’affection pour vous et c’est avec une joie non dissimulée qu’elles ont accepté de se défaire de quelques-unes de leurs anciennes tenues vestimentaires. Les robes de ces dames sont devenues trop anciennes, trop petites ou trop abîmées pour qu’elles les portent encore. Les Sœurs de la Sagesse, de leurs mains expertes de couturières, sauront les retravailler et faire de ces étoffes de nouveaux jolis vêtements que vos protégées auront à cœur de porter.

Chère Marie, ma fille chérie, je vous souhaite un agréable moment à la lecture de cette lettre. Vous me raconterez en détail votre vie auprès de Philippe et d’Alexandrine lorsque vous viendrez enfin me rendre visite.

Je vous adresse toute mon affection ainsi qu’à votre petite Alexandrine. Assurez votre époux Philippe de ma respectueuse amitié,

                                                           Votre mère qui vous garde
                                                           chaque jour dans son cœur


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